Nos prédictions pour la navette autonome en 2019

Nos prédictions pour la navette autonome en 2019

Sur un marché en création comme celui du véhicule autonome, il est difficile de faire le jeu des prédictions. Pour autant, notre expertise nous permet quand même de dessiner le contour de ce que va être l’année 2019.

C’est une année charnière qui s’ouvre pour cette industrie naissante car si 2018 a permis à bon nombre d’acteurs de proposer des solutions opérationnelles au marché et de s’armer économiquement (entrées en bourse, levées de fonds, partenariats, etc.), si certains n’arrivent pas à convaincre dès 2019, ils ne verront pas 2020 et encore moins les années suivantes.

3 mots clefs pour 2019 :

Le premier : #Assimilation

La fin d’année a été riche en démarrage d’expérimentations de navettes autonomes sur routes ouvertes ou fermées. Lille, Nevers ou encore Rennes ont lancé leurs expérimentations qui dépassent enfin le cadre de la démonstration. Ces expérimentations menées sur des périodes plus longues que précédemment et surtout sur des environnements plus complexes sont les prémices d’annonces multiples de déploiements que nous allons connaître en France mais aussi au niveau international.

Ces expérimentations sont vitales pour tous les acteurs de la mobilité française car c’est en effectuant des kilomètres et surtout en récoltant des yettaoctets de données que nous saurons combler le trou qui nous sépare des GAFA faisant déjà la course en tête à coups de milliards de dollars. Sur ce plan, rien n’est perdu car la France dispose d’éclaireurs pertinents sur le sujet de véhicule autonome avec plusieurs constructeurs de navettes autonomes, mondialement plébiscités (NAVYA, EasyMile, Lohr). C’est une conviction forte que nous partageons : le succès du véhicule autonome de demain passe d’abord par la réussite d’un transport collectif autonome. Dans les faits, l’apprentissage par le transport collectif facilitera la consolidation des innovations, de l’éthique et des offres à venir. 2019 va constituer un cycle d’assimilation par les autorités organisatrices ou les donneurs d’ordre privés qui ont compris les enjeux, identifié les solutions existantes et intégré des stratégies de moyens autour de l’expérimentation.

La crise traversée en fin d’année a aussi permis aux territoires ruraux de se positionner sur ces sujets de mobilité et pour éviter toute future fracture digitale d’assimiler le véhicule autonome comme une solution d’avenir pour la mobilité rurale. Sur ce dernier point et parce que nous sommes à la tête d’un groupe familial de transport de voyageurs ancré depuis 70 ans dans le territoire de la Drôme, nous avons créé le premier centre d’expérimentations de navettes autonomes dédiées aux territoires ruraux et un centre de ressources numériques sur le sujet de la navette autonome.

Le second : #Triangulation

Par définition, la triangulation permet un relevé de données mais elle s’appuie aussi sur la forme géométrique du triangle qui en reliant 3 points clefs répond à bien des aspirations mathématiques et donc dans le cas du véhicule autonome à l’enjeu de mobilité.

Il est fini le temps où les constructeurs de véhicules autonomes promettaient une autonomie totale et revendiquaient un esprit de liberté de mouvements. L’année 2019 pose véritablement les termes de l’équation du véhicule autonome avec 3 variables : le matériel, l’infrastructure et le Passage Autonome. C’est par la seule corrélation de ces 3 variables que les voitures autonomes ou les navettes autonomes pourront aller plus loin, plus vite et plus intelligemment.

Le matériel roulant défie déjà la loi de Moore et son efficacité est déjà éprouvée dans bon nombre de situations où il a eu l’occasion de rouler sur route ouverte et fermée. Design, motricité (notre flotte de navettes autonomes est composée de 4 roues motrices pour les territoires ruraux), connectivité, batteries, etc. le progrès est permanent. Le matériel roulant a maintenant besoin d’échanger avec son environnement pour prendre plus d’informations qui vont le conduire à de meilleures décisions. L’autonomie d’un véhicule, c’est d’abord un enjeu de prises de décisions.

L’infrastructure, jusqu’ici dubitative face à l’arrivée de ces ovnis en son sein, commence à appréhender le rôle qu’elle doit jouer dans la connexion permanente du véhicule avec sa supervision, la communication entre les véhicules et les piétons ou encore l’information complémentaire à donner pour voir plus loin et mieux. Les initiatives portées par nos champions nationaux comme Eiffage, Vinci, Spie Batignoles ou encore Colas montrent bien une volonté de participer à cet avenir et de proposer un partenariat gagnant aux constructeurs et opérateurs susceptible là encore de proposer une alternative crédible aux GAFA et d’offrir l’autonomie à tous les territoires de France, urbains comme ruraux.

Le passager autonome est un acteur majeur en devenir. A ceux qui s’étonnent de la faible vitesse d’une navette autonome, nous rappelons régulièrement combien il est pédagogique d’apprendre à rouler lentement pour ensuite prendre sa vitesse. A ceux qui s’étonne de la présence à bord d’un opérateur d’une navette autonome, nous rappelons que nos véhicules, sorte d’ascenseurs horizontaux du XXIème siècle ont été précédés d’ascenseurs verticaux au XXème siècle qui ont vu des grooms opérer un simple bouton pour amener de la confiance à toute une société. Le passager autonome est clef dans le dispositif et c’est nous, opérateurs de terrain, qui devons aller au devant de ses attentes en maximisant nos dialogues, informations et services.

Le troisième : #Régulation.

PACTE et Loi Mobilité sont le terreau d’une nouvelle ère pour la mobilité autonome mais surtout la base d’une transition vers la fin de la propriété individuelle automobile. C’est un cycle de 30 ans qui s’ouvre à nous que seule l’année 2019 ne permettra pas de réussir mais pour autant constituera la base de mobilité de demain. L’attention portée par les élus est réel tant l’enjeu, encore une fois bousculé par la fin de l’année 2018, constitue une pierre essentielle de la société française de demain. Lois, décrets, ordonnances, le cadre législatif permettra d’avancer sur les responsabilités et les obligations de chacun tout en maintenant une dynamique d’innovation. La réponse législative est clef pour ne pas pénaliser l’excellence française dans le domaine de la mobilité autonome et permettre la réussite d’une filière forte sur son territoire et capable d’exporter son savoir-faire vers d’autres horizons nécessaires aux produits économiques de notre pays. French Mobility est une réponse adéquate à cette aspiration et son rôle en 2019 sera clef. Clef, le transport collectif le sera aussi, lui qui a su donner à la France des champions mondiaux en s’appuyant sur une réglementation vigilante pour les opérateurs de transport de voyageurs. La mutation qu’apporte le véhicule autonome pousse à une vraie réflexion sociale dans toutes les entreprises concernées, non pas pour ca(s)ser l’humain mais bien pour révéler des talents et faire naître des vocations.

Assimilation, triangulation et régulation seront donc les maîtres mots de cette année 2019, charnière pour une mobilité de demain éthique, inclusive et soucieuse de son environnement.

28/12/2018 - Par: Benjamin Beaudet